Marseille rénove son centre-ville sous l’œil attentif de l’Etat
En nommant une chargée de mission « rénovation du centre-ville de Marseille » auprès du préfet des Bouches-du-Rhône, l’Etat entend remuscler son administration de proximité dans une ville traumatisée par le drame de la rue d’Aubagne.
Muriel Joer Le Corre a pris ses fonctions le 12 juin dernier à la direction du projet « rénovation du centre-ville de Marseille ». Elle travaille désormais auprès de Pierre Dartout, le préfet de région Provence-Alpes, et a pour mission la mise en place du projet partenarial d\’aménagement (PPA), document signé par le ministre Julien de Normandie le 15 juillet 2019. 240 M€ de subventions, 240 M€ dégagés par la Métropole Aix-Marseille-Provence et 120 M€ engagés par les autres collectivités, soit 600 M€ en tout seront engagés pour activer la rénovation du centre-ville. Ingénieure générale de la fonction publique, Muriel Joer Le Corre sera chargée d\’assurer la coordination des services de l\’Etat. En outre, elle contribuera « à l\’établissement d\’un projet partenarial d\’aménagement (PPA) et à la préfiguration et la mise en œuvre des outils nécessaires à sa réalisation », précise l\’arrêté du Premier ministre, Edouard Philippe, et de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, publié le 9 mai dernier. Sa mission est d’une grande limpidité : remettre de l’ordre dans une organisation administrative de la gestion de l’habitat indigne qui a montré de cruelles défaillances lors du drame de la rue d’Aubagne (8 morts dans l’effondrement de deux immeubles le 5 novembre 2018).
Sortir de l’urgence
Avec 40 400 logements jugés dangereux pour leurs habitants, soit 13 % de son parc immobilier, Marseille abrite en effet l\’un des parcs immobiliers les plus dégradés du pays. Florent Houdmon, délégué régional de la Fondation Abbé Pierre, l’affirme : « Marseille ne gère que l’urgence, et de la pire des façons ». Le manque de logements sociaux (1 demande sur 7 est satisfaite sur les 50 000 demandes annuelles) rejaillit forcément sur le parc social privé et nourrit le terreau des marchands de sommeil.
Création d’une Société publique locale d’aménagement d’intérêt national
L’Etat et Aix-Marseille Métropole ont décidé, au-delà des promesses financières, de mettre en place des mesures structurantes. Julien Denormandie a annoncé la création d\’ici à la fin de l\’année d\’une Société publique locale d\’aménagement d\’intérêt national qui pourra acheter les immeubles indignes dont les propriétaires sont défaillants et financer leur réhabilitation. Un millier de bâtiments du centre-ville pourraient ainsi être réhabilités en l’espace de dix ans. La métropole a décidé de créer un nouveau département fusionnant le service communal d\’hygiène et celui de la prévention et de la gestion des risques. Elle a également prévu de débloquer des fonds pour des « travaux d’office » urgents que certains propriétaires rechigneraient à faire. La rénovation du centre-ville de Marseille est l’un des leviers pour activer l’attractivité du centre-ville. Et faire naître des projets immobiliers équilibrés et destinés à tous les ménages…
Journaliste de formation, Stéphane Menu intervient régulièrement dans des revues spécialisées sur le thème du logement et de l’immobilier. Il est aussi amené à animer régulièrement des débats.